TERRAIN VAGUE - 1960

Titre VF TERRAIN VAGUE
Titre VO
Année de réalisation 1960
Nationalité France
Durée 1h43
Genre DRAME
Notation
Date de sortie en France 09/11/1960
Thème(s)
Jeanson (Henri)
Banlieues françaises
Délinquance (Cinéma français)
Adolescence (Cinéma français)
Réalisateur(s)
CARNE Marcel
Chef(s) Opérateur(s)
RENOIR Claude
Musique
LEGRAND Michel LEMARQUE Francis
Renseignements complémentaires
Scénario : Marcel Carné
et Henri-François Rey .....
d'après une histoire de Henri Jeanson
adaptée du roman de Hal Ellson : "Tomboy" .....
Assistant-réalisateur : Alain Jessua
Distribution : Cinédis

Visa d'exploitation : 23 354
Acteurs
GAUBERT Daniele
VERNAC Denise
BERTHIER Simone
DAVRAY Dominique
AUGER Claudine
BERANGER Anne
LESAFFRE Roland
PEYRON Georgette
ANDRIEU Constantin
LEPINAY Dominique
BRAS Jean-Louis
CAFFARELLI Maurizio
NOCHER François
DIEUDONNE Dominique
MATHIS Alfonso
RICHARD Pierre (2)
COLLET Pierre
WILSON Georges
PAREL Pierre
GROSSAC Gib
BERGER Jacques
GALLAND Jacques
MANCIER Jacques
BAYARD Charles
Résumé

Dans les ZUP de Paris, l'amour fleurit parfois, mais celui qui lie Dan et Lucky demeure du non dit. Un jeune délinquant survient dans la bande et la perturbe profondément jusqu'à la détruire.

Bibliographie
- Fiche de Monsieur Cinéma
- Ecrans de France numéro 243
- Télérama numéro 567
- Fiche Vox numéros 174 et 33
- Télé-Ciné numéro 92
- Ecrans et Vie numéro 2
- Image et Son numéro 138
- Cinéma 61 numéro 53
Critiques (Public)
Marcel Carné aime bien les sujets "jeunes" mais malheureusement il était trop âgé pour en saisir toute l'acuité. Pourtant, à travers le noir et blanc on voit les HLM des années 60 et on s'aperçoit que rien n'a vraiment changé. Danièle Gaubert fait des débuts prometteurs mais ses jeunes partenaires ne sont pas toujours à la hauteur. AXEL.

16/20 : Découvert en vidéocassette. Bien se remémorer les sixties en France, où la Nouvelle Vague commençait à balbutier... La majorité encore bien cantonnée au conservatisme de la pensée ! Les cinéastes classiques restaient prudents pour figurer "les bandes de jeunes", cette inquiétude perpétuelle des sociétés industrialisées : à l'époque, des groupes perturbants le temps que l'âge les range en les obligeant à "gagner leur croûte" par eux-mêmes plutôt que de demander de l'argent de poche, autrement dit "du fric", d'un air bravache... Commencement des HLM sans âme. On a repeuplé la France... Il y avait vertige pour les rejetons issus des rebâtisseurs avant tout matérialistes de l'après-guerre. Ce film rappelle d'entrée de jeu l'atmosphère de "La Fureur de Vivre" de Nicholas Ray avec James Dean, au pur contexte américain du nord) : hormis ce lien de parenté évident ajouté à l'horreur du vide commun, c'est la France de De Gaulle à plein nez ici : grincement du paternalisme hexagonal, la mère disant au fils de demander à son père s'il a droit au fromage, le père nourricier plongé dans son journal, mais qui seul autorise fiston à sortir après dîner... J'ai bien aimé le traitement qu'en fait Marcel Carné (d'après un ouvrage littéraire). Ces jeunes acteurs "se la jouent" comme on dirait maintenant, avec leur parler désuet, "bath" et autres termes poussiéreux, remplacés par le langage tribal de 2009... Charmant de suivre la coriace Danièla, chef de bande ou vitrine commode ? Son tir de carabine "en jette", mais un mâle affirmé est tellement plus simple à suivre. Le sort fait au jeune Babar, novice enflammé souligne la lubie d'absolu de l'âge adolescent... Une musique désagréable, comme souvent dans les films des années soixante, on a fait mieux depuis... Photo noir et blanc efficace (Claude Renoir), le décor des clapiers de banlieue que trop vrai. J'ai passé un bon moment. L.Ventriloque

Le taudis s’estompe devant le grand ensemble avec le terrain vague comme corridor. Une jeunesse, les poches vides, tente de trouver ses repères dans cette transition. Les dimanches sont formatés pour l’ennui. Le cinéma est inaccessible, les dîners familiaux ternes, il ne reste plus que la bande, l’épreuve d’admission, le sang échangé et la fête foraine. Une nouvelle famille de la nuit gommant les incompréhensions et les humiliations parentales. Les aînés défavorisés ne peuvent faire face aux besoins de leurs descendances. Dehors un béton démesuré sort de terre accompagné d’un semblant de végétation. Les menus larcins en boucles ne rapportent que l’attendrissement bienfaisant d’un receleur compréhensif. En ces temps de plein emploi, cette jeunesse en lutte contre un conformisme ancestral ne désire que sensations, plaisirs et désoeuvrements. Le père trime à l’usine, la mère fait la cuisine pendant que le rejeton dévalise le prisunic. Certains sexagénaires de l’an 2000 se reconnaîtront dans cette panoplie existentielle et ces conflits de générations du début des années soixante où le fils refusant de baisser les yeux dans une altercation avec le père clame la détresse de toute une jeunesse. "J’en ai marre de vous, du boulot, du quartier, vous ne pouvez pas comprendre" Marcel Carné, cerné par le courant de la nouvelle vague, fut dans l’obligation de tâter de ces sujets neufs afin de rester connecté dans les tuyaux cinématographiques. En fonction de cette alternative le résultat est correct avec les contraintes d’un sujet difficile à traiter sombrant souvent dans des clichés supportables grâce à une bien belle Danielle Gaubert se battant comme un homme, mais sachant récompenser le méritant par des mots rarement prononcés dans un tel contexte "Je t’aime bien". JIPI