La vengeance est un plat qui se mange froid. Telle pourrait être la devise de Ludvik Jahn, responsable d'une petite unité de recherche dans un service hospitalier, qui lors d'une interview par une journaliste de la radio, Helena Zemankova, découvre que cette dernière est l'actuelle épouse d'un ancien camarade d'études prénommé Pavel, qui fut l'un des principaux responsables de son exclusion définitive de la sacro-sainte Union des Etudiants, puis des incontournables Jeunesses Communistes, de son incarcération punitive dans un strict bataillon militaire et de sa détention durant trois années dans un camp disciplinaire, à trimer dans des carrières et des mines de surface, pour une épistolaire plaisanterie aux propos fort anodins. Il décide alors de séduire l'épouse. En effet, quinze années plus tôt, amoureux d'une jeune et fringante militante, il avait adressé à cette dernière une ironique et facétieuse carte postale, portant ces quelques mots dérisoires "Chère Marketa, l'optimisme est l'opium de l'humanité. Les esprits sains puent la connerie. Vive Trotski !" ce qui avait provoqué l'ire des jeunes universitaires du parti dans lequel Pavel occupait une place dirigeante. C'est donc avec fougue et détermination que Ludvik met en place son opération de séduction, avec la complicité de Kotska, un ami lui aussi victime du stanilisme dans le passé, qui lui prête son appartement. Et c'est avec une extrême facilité que notre opiniâtre vengeur séduit sa victime des plus consentantes, apprenant un peu tard, qu'elle et son mari Pavel sont en fait séparés depuis plusieurs mois déjà...
>>> Intelligente et percutante adaptation du premier roman de Milan Kundera, ce second long métrage tchèque de Jaromil Jires bénéficia d'une courte sortie dans son pays en avril 1969, pour passer ensuite à la trappe de la censure, comme des centaines d'autres oeuvres cinématographiques et littéraires. On appréciera avec ravissement l'excellent travail du montage, le filmage au plus près des comportements et du regard des personnages principaux et l'extraordinaire investissement affectif et professionnel des acteurs, littéralement investis dans leurs pertinents rôles respectifs...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)
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