Scénario : Luis Bunuel
et Jean-Claude Carrière .....
d'après le roman de Joseph Kessel
Assistant-réalisateur : Pierre Lary
Distribution : Valoria Films
Visa d'exploitation : 32 317
Nota :
- Lion d'Or, festival de Venise 1967 .....
- Prix MELIES 1967 : Meilleur Film Français - ex-aequo avec " MOUCHETTE " de BRESSON .....
Séverine, une bourgeoise huppée, insatisfaite des attentions espacées de son mari, interne des hôpitaux de Paris, va se rééquilibrer le moral et le popotin entre cinq et sept (sans Cléo) dans une maison de passe, de luxe et de luxure, en quête d'horizontales gymnastiques, épanouissantes et rythmiques...
>>> Une singulière étude au scalpel des moeurs dissolues d'une certaine bourgeoisie de classe et de claque qui végète et se vautre, de génération en génération, dans l'argent facile, le refoulé maladif et l'hypocrisie débordante. On préfère le fantastique d'un autre film de Bunuel (dans tous les sens du terme) "L'ANGE EXTERMINATEUR" dans la même grinçante optique de dénonciation cinglante et nécessaire...
Bibliographie
- Positif numéro 87
- Midi Minuit Fantastique numéros 18/19
- Filmbulletin numéro 112
- Avant-Scène numéros 206 et 492
- Zeuxis numéro 32
- Saison Cinématographique 1967
- Télérama numéros 908-1564-1881-2235
- Travelling numéro 20
- La Revue du Cinéma numéros 200 et 210
- Cinéma numéros 111 et 118
- Cahiers du Cinéma numéro 192
- Téléciné numéro 135
Critiques (Public)
Sur les dizaines de films de qualité traitant de la prostitution, cette oeuvre de Luis Bunuel mérite de figurer en bonne place, parmi les meilleures. Pour le jeu savoureux de Catherine Deneuve dont c'est de loin une des plus intéressantes prestations, pour les étonnants seconds rôles dont, en particulier, celui de l'excellent Francis Blanche pour lequel il faudra tôt ou tard songer à une entière réhabilitation, pour la subtile association entre un réalisateur génial (Bunuel) un scénariste irréprochable (Carrière) et un écrivain remarquable (Kessel). Et puis, on sort pour une fois des sentiers battus de la péripatéticienne exploitée, victime famélique et soumise, qui tapinent trop souvent dans des scénarios immuables, mille fois répétés. A quand une oeuvre de classe, sur la prostitution légale, celle qui sévit dans les alcôves de nos concitoyennes, qui par devoir conjugal ou docilité animale, se résignent à des privautés sexuelles non désirées ? Amandine qui (vous) taquine
"Belle de jour", en respectant plus le fond que la forme, révèle les traumatismes d’un enfermement bourgeois ne drainant qu’absences et solitudes, constat ne faisant que naitre dans les rêves les plus fous le besoin d’être vivifiée par la salissure et la maltraitance.
L’opus un peu trop sophistiqué est daté, mais dénonce correctement, sans excès, l’échec d’une assise bourgeoise confortable, ne créant que de l’ennui et du protocole.
Ceci ayant pour conséquence d’alimenter un inconscient revanchard, ne rêvant que d’un autre monde fait d’expériences interdites dans les concepts les plus décalés.
"Belle de jour" sans grand éclat, suggère plus qu’il ne montre en appuyant bien sur l’antinomie et le phénomène excitant que représente Séverine, magnifique blonde, bourgeoise, désœuvrée, riche, distinguée, frêle et pale dont l’inconscient en révolte contre une sécurité devenue invivable, apprécie d’être rudoyé sans ménagement par le rustre ou l’obèse .
Un contexte protecteur sans étincelles fabrique en parallèle la quête d’un statut, celui d’un être humain préférant l’approche perverse et virile que le modèle courtois.
Un rendu vieillot un peu superficiel frôlant la caricature. A voir pour Catherine Deneuve frigide sublime ne quittant jamais cet état même après les effeuillages les plus fous.
JIPI