Marin Marais, musicien célébré par la cour du Roi Soleil, se souvient de sa rencontre avec l'austère Sainte-Colombe, son maître exigeant et à la limite du jansénisme, qui lui a tout appris de l'art complexe de la viole de gambe. Au mépris de tous les honneurs, son initiateur se borne à une douloureuse solitude. Marin, par contre recherche, lui, la reconnaissance, mais finira par douter de lui-même...
>>> Hommage à la musique baroque, le film touche par l'intelligence de sa mise en scène, la grâce de sa photographie et l'audace constante de son traitement. Un des plus beaux films du réalisateur Alain Corneau à ce jour...
Bibliographie
- Saison Cinématographique 1991
- Revue du Cinéma numéro 478
- Première numéro 178
- Studio numéros 53-57
- Positif numéro 371
- Cahiers du Cinéma numéro 451
- Jeune Cinéma numéro 212
- Télérama numéros HS 1992, 2257, 2331, 2178,2188
- Fiche de Monsieur Cinéma
Critiques (Public)
Si le cinéma est une rencontre, il est ici retrouvailles avec une France enfouie dans les profondeurs de l'oubli : celle d'un XVIeme siècle baroque, tout en lumières et en ténèbres. Ce siècle si étrange est filmé de façon sobre et rigoureuse par un cinéaste aux antipodes de tout spectaculaire. La réalisation l'est pourtant : spectaculaire. Cette oeuvre majeure, ponctuée par une musique inoubliable et une interprétation magistrale, est une redécouverte d'une Atlantide de notre culture. (ELIE ELIE)
"Tous les matins du monde sont sans retour."
La seule vraie musique ne peut s’exprimer que dans le silence, la pluie, le vent et la boue unique possibilité d’approcher dans l’isolement le plus complet le secret d’une discipline ne pouvant atteindre son apogée que dans la banlieue de son art.
Ailleurs on ne peut être qu’un musicien sans ornements ne faisant qu’enfiévrer à l’aide de compositions habiles l’esprit enfariné de quelques courtisans aux ordres.
Ici la révélation ne peut s’atteindre que dans la souffrance dans une maison triste privée de sourires et d’assistance envers ce qui se contente d’aimer et de servir sans se révolter.
Les véritables émotions ne se dévoilent qu’en catimini au contact d’un instrument austère dont les différentes harmonies ne font que reproduire la mélancolie d’une époque.
Dont on traque avec virulence dans la sueur et la détermination toutes les possibilités amplifiant encore davantage les inconforts d’une abstinence que l’on devra supporter pendant toute son existence.
Fuir les palais et leurs fausses lumières en se nourrissant à jamais sur un même site du tombeau de ses regrets en ne vivant que pour les sons et les images qu’il formate ou l’on ne sera le moment venu qu’une postérité destinée qu’à ses poules et à ses oies.
La vie est belle à proportion qu’elle est féroce, elle attire toujours vers d’autres visages ne pouvant être que la vitalité d’une notoriété égoïste et abondante mais privée de son véritable sens que l'on peut enfin découvrir et partager au bord des larmes avec un maitre solitaire, violent et intransigeant enfin adouci par la perception d’une même résonance.
JIPI