Critique de
JIPI
Toute l'essence de cet opus remarquable et rarissime se situe en huis clos. Pressés par le temps quatre officiers doivent en leur âme et conscience juger l'acte irréparable commis par un jeune matelot analphabète, naïf et timide, ne trouvant parfois pas ses mots, enrôlé de force puis poussé à bout par un maître d'équipage sadique semblant quémander inconsciemment un châtiment.William Budd est un Jésus Christ maritime, un agneau sacrifié ballotté entre une discipline de fer, et une hiérarchie sans âme ne fonctionnant que par la répression.L'uniforme n'étant qu'un paravent, un prétexte à ne fournir que de la procédure sans révéler de véritables sentiments.La loi remplace la justice dans un procès bâclé. Un contexte verbal d'arguments contradictoires dont la finalité se promènent dans ces phrases manichéennes d'expansions et de retraits entre rigueurs et bontés.Ici il ne faut que débattre en ne pensant qu'a punir."Billy Budd" est un très très beau film sur les difficultés de s'extraire d'un schéma réglementaire afin de s'assumer en qualité d'homme, en valorisant le charisme d'un individu plutôt que de sanctionner la spontanéité d'un geste irréfléchi envers un personnage abject.