Critique de
L.Ventriloque
Remarquable film muet de la période allemande de Lubitsch (1919 = très permissive) qui rappellerait assez en 2011 le dessinateur Cabu dans ses meilleures caricatures. Du théâtre filmé très efficace. Avec accent mis sur un duo de choc très entouré. Le spectacle est suffisant pour qu'on arrête de se demander si on a vu passer seulement une huître... Des bonnes âmes tendent mouchoir, cigare sophistiqué ou tasse à l'ostréiculteur béat, soudain sonné par sa progéniture, une bouillante enfant prompte à casser ce qui lui tombe sous la main. On a droit, comme dans plusieurs oeuvres de ce cinéaste, à un long moment de relâchement dansé en d'infinies surimpressions. Les cartons explicatifs parfaitement traduits en français sont autant de morceaux d'hilarité, tels "une épidémie de fox-trott" et la répétition du slogan "cela ne m'impressionne pas". C'est pourtant une satire des milieux pourris par l'abondance, quand l'égrillard fait craindre que ça vire à l'obscène. Lubitsch s'en garde bien en redressant les situations assez vite pour les précipiter vers d'autres niveaux d'espièglerie, je pense à la scène du noir puis du père dans l'escalier pour contrôler la serrure ! Ce film très expressif, impeccable côté image et son parce que parfaitement restauré est à consommer sans modération par toute la famille !