Pour son premier long métrage, Torunn Lian a choisi un domaine très prisé dans les pays nordiques, le cinéma pour adolescents. C'est, dans ce genre, une incontestable réussite. Sobre et plein de tact, le film évite tous les pièges du sentimentalisme larmoyant pour nous parler de la réaction de Maria et de sa famille à la mort de son jeune frère atteint d'un cancer. L'opposition est dure entre les réactions de parents, réactions d'adultes qui cherchent à cacher leurs sentiments, à masquer leur peine, à l'intérioriser (au point que la mère finit par devenir muette et va se cacher loin de tout et de tous) et celles de Maria qui ne supporte pas ce désir de me pas faire de vagues, de faire comme si rien n'avait changé dans leur vie ("Tout va bien", lui répond à plusieurs reprises son père) et réagit violemment aux bons sentiments ou attitudes condescendantes de voisins ou d'amis. Torunn Lian réussit remarquablement à nous faire comprendre et accepter les réactions des uns et des autres sans jamais ridiculiser ses personnages. La colère de Maria est tout aussi juste que les tentatives maladroites des adultes qui l'entourent pour la distraire. Le film n'est pas réducteur et Maria n'est pas portée aux nues. Son égoïsme et ses réactions épidermiques ne sont pas occultées. Le film trouve le contrepoids nécessaire qui en fait une œuvre équilibrée avec la présence de Jacob. Aux antipodes des problèmes d'Anna et des siens - même si sa vie ne baigne pas dans un idyllisme qui ne serait pas de rigueur -, il apparaît toutefois comme un élément euphorisant, comme une sorte de médicament nécessaire pour lutter contre le stress et le désarroi des autres protagonistes de l'histoire.