On pourrait qualifier le film de Matti Ijäs de chronique douce amère qui, si elle ne brille pas par son originalité, ménage toutefois quelques bons moments, faisant alterner rires et pleurs. Comme dans la vie, quoi. On n'échappe pourtant pas malheureusement à des personnages un peu trop typés, à la limite de la caricature, à l'image du père de Jontti (ses maladresses, ses escapades amoureuses), de l'instituteur victime des farces des élèves ou du coiffeur aux manières un peu affectées. A leur égard, le rire du spectateur est quand même un peu facile. Plus surprenants sont des épisodes comme l'arrivée à l'école de Bothulin Badu, "premier véritable nègre à arriver sous ces latitudes" ou la noyade de Länki, remarquablement et sobrement mise en scène, qui apporte une touche dramatique au film. Les réactions du jeune Jontti sont assez bien notées, quelles concernent sa gêne devant le comportement de son père toujours en situation de se ridiculiser aux yeux de tous ou encore vis-à-vis de sa petite amie issue d'un milieu plus favorisé (elle est musicienne et la maison où elle vit n'a rien à voir avec l'appartement des parents du garçon). Entre l'affiche aperçue du Lola de Jacques Demy et la projection de La colombe écarlate de Matti Kassila, qui semble bien ennuyer notre jeune héros, Entre deux monde nous propose une plon-gée souvent humoristique mais quand même un tantinet nostalgique dans des années 60 qui paraissent tout à coup bien lointaines !