Critique de
Denis BALLU
Les difficultés d'intégration et les problèmes de cohabitation entre communautés culturellement différentes sont devenus des thèmes quelque peu récurrents dans le cinéma d'aujourd'hui et on note plusieurs films suédois récents à inscrire dans cette tendance. Citons, de manière non exhaustive et pour nous contenter de films sortis dans les salles en 2000 : Ailes de verre de Reza Bagher, Un pays idéal de Geir Hansteen Jörgensen, Avant la tempête de Reza Parsa, Bâtards au paradis de Luis R. Vera et Jalla ! Jalla ! de Josef Fares. Ce dernier (avec son titre arabe dont la traduction donne quelque chose comme "Dépêchons ! Dépêchons !") a pour thème les problèmes liés aux mariages arrangés par les familles et que les enfants sont censés accepter sans autre forme de procès. On pourrait sans doute assez facilement démonter les facilités et les idées reçues d'un tel film, où tout le monde se révèle finalement assez gentil (sauf peut-être Paul, mais comme il n'a aucune influence réelle sur tout ce qui arrive…) et où les problèmes posés se résolvent dans la joie et la bonne humeur. Mais le ton choisi étant exclusivement celui de la comédie - voire parfois même de la farce -, pourquoi bouder son plaisir ? Dès lors, même si les situations sont exagérées, le film se déroule sur un scénario bien huilé et sur un rythme qui évite que le spectateur se pose trop de questions. Le film est construit sur une sorte de comique de répétition qui fait se succéder les scènes où nos trois employés municipaux, aux origines ou états sans doute socialement révélateurs (un Libanais, un noir et un Suédois impuissant) se battent avec divers détritus (et particulièrement les déjections canines ! - la civilité suédoise n'est-elle plus ce qu'elle a été ?), celles des problèmes de cœur de Roro et enfin les diverses tentatives de Måns pour que son sexe cesse d'être "une ficelle lui pendant entre les jambes." Tout cela se terminant dans une grande cavalcade assez rocambolesque et pleine de rebondissements.