On retiendra tout d'abord la réelle performance d'acteur de Mathieu Amalric, qui a dû se désinvestir de toutes les habitudes et fonctionnalités d’une personne à la normative mobilité, mais aussi la lumineuse présence de Marie-Josée Croze, parfaite dans son ingrat et studieux rôle d'orthophoniste infiniment dévouée. Puis quelques trouvailles scénaristiques fort bienvenues et parfaitement intégrées dans le processus mental du personnage principal. A noter, une curieuse incursion nocturne dans les avenues mercantiles de Lourdes qui ne suinte pas l’eau bénite ni l’apologie miraculeuse. Restent à la charge de l'oeuvre, une longueur quelque peu excessive et une vision hautement proprette, clean, lourdement simpliste d'une désespérante (sur)vie pathologiquement et psychologiquement dévastatrice voire mortifère, qui évite de justesse les asphyxiants débordements lacrymaux. Auréolé du Prix de la Mise en Scène au dernier festival de Cannes, ce "scaphandrier" qui rêvait d’être palmé, nous plonge dans une adaptation appliquée et généreuse d’un roman autobiographique douloureusement désabusé qui ne permettra pas, cette fois-ci encore, de faire "papillonner" son réalisateur au pinacle du 7e Art.