S'accaparant avec brio et pertinence, les codes immuables et les situations typiques du mélodrame, thématique fort répandue dans la cinématographique turque, Nuri Bilge Ceylan déconstruit les schèmes stylistiques du genre, pour les réadapter à un réalisme plus structuré, à la manière d'un Fassbinder maîtrisant et oeuvrant sur les éléments d'un pathos maintenu mais distancié, lui permettant de circonscrire et de pointer avec force les notions de culpabilité, de mensonge et de pouvoir. Une oeuvre solide et dense, à tiroirs et en culs-de-sac, aux maritimes et nuageuses couleurs opiacées, flirtant avec le fantastique, ponctuée de troublantes interrogations et de labyrinthiques points de suspension qui nous laissent pensifs et rêveurs.