Vu cette splendeur à Nantes en avant-première russe du 17 avril 2011... Slava Ross contourne la censure pour crier les maux de la Sibérie profonde. Avec une maîtrise parfaite de la mise en scène, du son (ces bruitages musicaux) et des prises de vue à couper le souffle. En plus d'une morale curieusement universelle et d'un brin de poésie. Bien que le film débute par des images crues et demeure alerte, pas du tout gnangnan, Monamour étant un lieu, on peut déplorer que ça ressemble à un conte pour la jeunesse (l'enfant incarnant la pureté, les chiens rappelant les loups, le puits symbolique quelque mauvais sort jeté. Fausse naïveté car on trouve dans le dénuement décrit, à la différence du beau mais misérabiliste "Winter's Bone" (auquel il est permis de songer), le tempérament qui permet de rebondir sur le malheur. Aucune demi-mesure... Les durs n'ont qu'à bien se tenir, les femmes se rebiffent, l'enfant lassé d'attendre son père fantôme joue sa vie. Un regard plein de perspicacité pour une histoire rude mais dont on sort gonflé à bloc !