Critique de
L.Ventriloque
Force est de constater le mérite d'un tel film aujourd'hui en 2012 par l'intensité de ce qu'il véhicule. Il faut pourtant se faire à l'esprit hollywoodien de 1959. En tout premier lieu le sirop musical, on voit venir de loin les bons sentiments... Déjà le beau et large technicolor symbolisant le rêve matérialiste étasunien en toile de fond s'avère indiscutable. La belle blonde platine aux yeux émeraude son désir d'actrice et sa volonté de rester elle-même : il fallait ce personnage central partagé entre carrière et maternité, tiraillée mais attention, toujours bienveillante avec les serviteurs (par hasard tous noirs). Cela devient plaisant à suivre. Le développement des deux filles atteint des sommets de qualité quand elles commencent à s'afficher, chacune dans leur style, en miniatures de femmes... Des dialogues justes, des attitudes tout aussi parlantes, des décors et une bande-son qui se rattrape en dernière partie (ce gospel de Mahalia Jackson herself !). Le glamour apparent vire en cours de route au grincement même s'il reste de quoi pousser quelques soupirs si jamais on ne pleure pas. Autant que le racisme insidieux, ce film décrit le lien filial malmené pour des motifs différents chez deux mères-célibataires, un statut social régulièrement ignoré des statistiques (et pourtant de plus en plus répandu en 2012).