Critique de
MILAN
Le premier des dix commandements fut certainement le plus difficile à illustrer car il reprend la démonstration éternelle et existentielle de l'Homme : celle s'évertuant à prouver l'existence de Dieu. Le génie de Kieslowski, est de n'avoir sur un tel débat apporte aucune réponse. Kieslowski s'évertue le long de ses Oeuvres (la majuscule est à dessein) à poser habilement les bornes d'une réflexion poussée, sans préjuger de sa solution. On peut même constater un goût prononcé de ce réalisateur à lancer des indices épars dont il ignore lui même leur symbolisme et raison d'être. Dans le cas présent du film (dont la brièveté n'entache en rien la qualité exceptionnelle de la réalisation, comme les neuf autres de la série) " Un seul Dieu, tu adoreras ", Kieslowski met en présence les deux explications de l'Univers : Science et rationalisme d'un coté, foi en un Dieu créateur de l'autre. Si Dieu ne descend pas sur Terre convertir les athées, la vie démontre que tout n'est pas rationnel : la glace que l'hiver aurait rendue "imbrisable" selon le plus simple des calculs, cède pourtant sous le poids plume d'un enfant. Sans conclure aux forces supra-terrestres ni en l'existence de Dieu, Krzysztof Kieslowski pose le crucial problème de l'homme face aux réalites intangibles. "Tu n'adoreras qu'un seul Dieu" est un film tendre et profond comme seule le main d'un certain réalisateur polonais sait le faire encore. Allier simplicité et beauté est une chose exceptionnelle dans le cinéma d'aujourd'hui, sans tomber dans l'image-décor ou la médiocrité banale.