Critique de
L.Ventriloque
Découvert en dvd en juillet 2011. Un film brillant, osé pour son époque même si fabriqué en exil. Tout comme avec Chaplin dans un registre apparenté, on rit de la monstruosité nazie transposée en dialogues américains, l'accent guttural, le pas de l'oie, le fameux "Heil me" !... Et pourtant cette oeuvre si fine en même temps qu'elle arrache rire sur rire (on ne se lasserait pas d'entendre "Schulz !"), donne aussi envie de pleurer : par identification, en mesurant la souffrance rentrée d'Ernst Lubitsch avant d'avoir pu le mettre en images tout comme l'impuissance d'un peuple visé une fois le chaos installé, qui ne permet plus le libre arbitre en forçant au bipartisme, au patriotisme puis au fanatisme. Une comédie contemporaine rappelant l'éternelle négation de certains groupes humains au nom d'une seule légitimité instillée à la faveur de la misère par une poignée de fous.