Alonso Quijano a lu bien trop de livres de chevalerie. Vieillissant, romanesque, merveilleusement déjanté, il se croit puissamment investi d'une mission noble et sacré : défendre les faibles, sauver les opprimés, combattre les méchants, pour les tendres yeux de la séduisante Dulcinée du Toposo. Il revêt donc une vieille armure, se confère comme chevalier errant et part à l'aventure en compagnie de son fidèle pendant, le brave Sancho Pança et de Rosinante, son cheval de toujours. Les deux compères sillonnent les routes du pays et commencent par libérer un jeune berger, prénommé André, brutalement fouetté par son maître, puis chargent les sbires entourant un carrosse qu'ils imaginent à tort, attaqué par ses derniers. Un peu plus loin, Don Quichotte délivre une colonne de forçats en direction du bagne qui ne seront guère reconnaissants de son providentiel geste salvateur. Au prochain village, ils sont accueillis par deux prostituées qu'ils prennent naïvement pour de gentes dames et notre illuminé paladin se retrouvera à lutter contre d'énormes outres remplies de vin gouleyant qu'il pourfend et transperce allègrement. Bien sûr, les inénarrables exploits de nos vaillants et farfelus aventuriers feront rapidement le tour de toute l'Espagne et après une courte trêve dans leur insatiable quête, les voilà en chemin, sur l'invitation d'un méprisant duc de la région qui tient à s'amuser à leurs dépens de leurs incroyables facéties et en faire ses bouffons attitrés. A la Cour, Sancho Pança est nommé gouverneur d'une lointaine île (fictive) et Don Quichotte profondément humilié par l'arrogante nièce de l'aristocrate. Très vite, les voilà donc repartis en campagne, avec comme prochains redoutables adversaires de présomptueux moulins à vent mais aussi le mystérieux chevalier de la Lune Blanche...

>>> Une énième adaptation de l'incontournable chef-d'oeuvre littéraire de Miguel de Cervantès, qui manque ici cruellement de fantaisie et de poésie, bien loin des grands "Kozintsev" de la période muette, mais qui a tout de même le mérite de nous proposer un Don Quichotte plus vrai que nature à travers la haute prestance de l'acteur Nikolaï Cherkasov, époustouflant et lumineux dans son efflanquée stature légendaire...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)