Burgendorff, un charmant petit village bavarois de carte-postale, avec en ce jour, sa traditionnelle parade annuelle, tenues de tradition, gros flonflons et bière à profusion. C'est aussi l'anniversaire de Mère Bernle dont un des fils, l'aîné, prénommé Franz est à l'armée et dont les trois autres fistons travaillent, comme il est de coutume et de saison, dans les champs environnants. Un jour, Joseph, le plus jeune, décide de tenter sa chance ailleurs en émigrant, comme des milliers d'autres Européens, en Amérique. Puis la Première Guerre Mondiale éclate, insensée et ravageuse mobilisant les deux frangins Johann et Franz qui vont mourir sur le lointain front russe. Alors que notre nouveau citoyen des States, considéré au pays comme un traître à la nation, s'installe difficilement en ouvrant une épicerie, le dernier fils, Andreas, est appelé à son tour sous les drapeaux, pour mourir, lui aussi, le jour même de l'Armistice. Devant la douleur et la solitude de sa mère, Joseph décide de la faire venir, mais elle devra tout d'abord apprendre à lire et à écrire l'anglais, pour passer devant le rigoureux Bureau de l'Immigration, sur l'île Ellis Island à l'embouchure de l'Hudson...

>>> Une œuvre magnifique, d'un John Ford qui fut, paraît-il, grandement impressionné et passablement influencé par des rushes visionnés de "L'aurore" de Murnau, qui allie, dans son émouvante dramaturgie, avec une puissance évocatrice indéniable, une constante sensibilité à fleur de pellicule, avec discrétion et pudeur, et un étonnant et féroce antimilitarisme rageur qui culmine dans la scène anthologique d'un groupe de soldats qui exige et impose à leur odieux et obséquieux commandant, de se suicider...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)