Scénario : Eduardo de Filippo (1),
Cesare Zavattini (2)(3), Isabella Quarantotti (1),
Alberto Moravia (2), Lorenzo Zanuso (2)
et Bella Billa (2) .....
Assistant caméra : Luciano Tovoli
Produit par Carlo Ponti
Distribution : Les Acacias
Film à sketches, composé de trois histoires ayant comme particularité de mettre en scène à chaque fois, dans les rôles principaux, Sophia Loren et Marcello Mastroianni...
1) La débrouillarde Adelina Sbaratti, entichée et affligée d'un époux abonné au chômage permanent, fait vivre sa petite famille grâce à la vente plus ou moins discrète de cigarettes de contrebande. Piégée par les autorités, elle écope d'une lourde amende qu'elle refuse de payer. Et l'agent du fisc, venu pour une saisie, ne trouve qu'un appartement vidée de ses meubles, grâce à la complicité des habitants de ce petit quartier napolitain de Forcella. C'est par un heureux hasard, en importunant un petit avocaillon procédurier, alors même que la police s'apprête à l'emmener en prison, que la dynamique Adelina apprend que son incarcération est légalement impossible du fait de sa grossesse. C'est donc en toute efficacité qu'elle va demander à son tendre époux, chaque année de lui faire un autre enfant...
2) Anna Molteni, l'épouse d'un fortuné homme d'affaires milanais, est en pleine crise existentielle, ne supportant plus du tout l'atmosphère frelatée de son milieu, l'omniprésence de la richesse facile et la futilité quotidienne de son existence mondaine. C'est donc avec un plaisir rare qu'elle retrouve le brave Renzo, issu d'une classe sociale fort modeste qui la séduit avec sa simplicité et sa pondération tranquilles. Le brave garçon quant à lui reste plutôt circonspect et quelque peu amusé face aux caprices plébéiens de la belle qui lui propose de prendre à son tour le volant de la superbe rolls-royce qu'elle conduit habituellement...
3) Efficace et plaisante call-girl romaine, la gracieuse Mara a fait une involontaire conquête en la personne d'un jeune et fragile séminariste prénommé Umberto, venu quelques jours chez ses grands-parents qui occupent l'appartement contigu, pourvu d'une complice terrasse mitoyenne. En effet le jeune garçon est touché par la grâce et la séduction de cette avoisinante créature divine, refusant de croire les cruelles et dévastatrices vérités que sa vieille parente, outrée de cette pécheresse promiscuité, tente vainement de lui dévoiler. Et lorsqu'enfin il consent à écouter les païennes révélations familiales, accréditées avec conviction et précision par Mara elle-même, c'est pour refuser obstinément de retourner désormais au frustrant séminaire et vouloir, défroqué et malheureux rejoindre les défilés et les rangs de l'illusoire légion étrangère. Toute cette facétieuse perturbation n'arrange en rien les affaires ministérielles et les charnelles émotions d'Augusto Rusconi, un habituel et généreux client, de passage et de Bologne, en reste de la troublante égérie...
- Saison Cinématographique 1964
- Cinéma numéro 89
- Index Cinéma 1965
- Dizionario del cinema italiano (vol.2)
- Analyse Générale des Films 1964
- Fiche de Monsieur Cinéma
Critiques (Public)
16/20 : Redécouvert en 2009 grâce au dvd (avec bonus explicatif du néoréalisme rose absolument parfait). Retour sur le renouveau italien des années cinquante-soixante : les cinéastes souhaitant aborder les tendances sociétales profondes devaient s'y prendre de manière "soft" afin de contourner l'élite bourgeoise catholique ancrée sur l'anodin, garantie que le public reste l'innocent des premiers jours... Trois sketches dans trois villes différentes révèlent que les moeurs demeuraient fortement teintées de religieux : on devine un pays coupé en deux, l'Italie du Nord aux élites dures où les richesses se sont concentrées, et celle du Sud, en quelque sorte "à sa botte"... Plus audacieux sur le fond que ce qui défile à l'image, forcément "tape-à-l'oeil et fort-en-gueule" (parfois usant !). L'occasion, outre le talent du cinéaste (subtilité des cadrages, heureuses transitions) de se rincer l'oeil auprès des deux comédiens-fétiches emberlificotés dans leurs pulsions intimes. Joie de vivre, débrouillardise, solidarité, en numéro un la séduction féminine brandie comme un outil de surchauffe avec une marmaille allant de soi (on croit entendre le loup de Tex Avery !), les hommes sont ici mis à rude épreuve ! Dans cette démesure de croire tout achetable ou vendable après des lustres de privations, on peut aussi comprendre l'émergence de Mafia, Brigades Rouges, et même l'étendue actuelle du pouvoir berlusconien ! L.Ventriloque