Six personnages en quête d'amour. La stricte Gaëlle qui cherche l'âme soeur dans un bistrot parisien du quartier d'Oberkampf où elle fixe ses rendez-vous anonymes via les petits annonces et qui retourne dans la solitude de son appartement qu'elle partage avec son frère Thierry. Ce dernier, qui travaille dans une agence immobilière, se sent bien des attirances pour Charlotte, sa collègue de travail, une pudique et chrétienne créature qui lui prête des cassettes enregistrées à la télévision d'émissions religieuses mais qui contiennent aussi d'affriolantes séquences érotiques où la demoiselle se met en scène. Charlotte qui, le soir venu, après son travail, par amour et par désoeuvrement accepte de faire la dame de compagnie d'Arthur, le grabataire et salace père du grave Lionel, barman-chef d'un cossu hôtel de la capitale, qui de par sa fonction, rencontre bien des âmes en peine et en confidence. Tel Dan, un ancien sous-officier de l'armée, licencié pour de mystérieuses irresponsabilités, venant s'épancher dans moult larmes de whisky de ses problèmes affectifs avec sa compagne Nicole, une efficace et active jeune femme à la recherche d'un trois-pièces...
- Fiche de Monsieur Cinéma
- Positif numéro 549
- Annuel du Cinéma 2007
- Zeuxis numéro 28
- L'Avant-Scène numéros 555 et 564
Critiques (Public)
De ravissantes pincées de neiges servent de fil rouge entre six tranches de vies en quête d’amour.
Les manques et besoins sont forts, mais les psychologies tourmentées de chaque demandeur peinent devant ces paravents, ne faisant qu’entretenir une difficulté extrême de communiquer autre que par le puritanisme, l'ébriété et la confession.
L’hiver est présent dans les rues et dans les cœurs. En quête de l’âme sœur chacun montre ses faiblesses dans un investissement maladroit et dispersé. L’apaisement ultime s’éloigne de tempéraments paresseux, coincés, brisés, imbibés de personnalités aux comportements corrects en surface, troubles en catimini, retenant à grand peine l’extériorisation d’un côté obscur.
Ce mur incohérent, partageant une fenêtre en deux, montre admirablement l’énorme difficulté de réunir deux esprits en une seule lumière.
"Cœurs" n’est pas un film triste, malgré quelques aveux émouvants. Le rapport improbable de certains personnages s’avère même savoureux. L’œuvre est sobre, révélatrice d’un monde rongé par l’absence de comportements simples et surtout naturels.
Elle dénonce le désastre d’une société ôtée de destinées fondamentales, éparpillée dans les artifices d’un monde colorée, mais sans substances directrices.
Toutes ces indispositions et réticences condamnent une petite fourmilière perverse et indécise à une errance affective à long terme, entretenue par un besoin d’amour rapidement annihilé par le manque d'assurance, l'entretien d'un état négatif, la croyance outrancière et le débordement alcoolisé, ne faisant que luire l’individualisme de chacun et le besoin impératif de stagner par la plainte et la perversité embusquée.
Un bon film sur la restauration plus que souhaitée de tempéraments ne voyant que l’amour est la luminosité de sa sédentarisation, à l’aide de la simplicité de ses directives.
JIPI