Dans une obscure arrière-cour, au bout d'une ruelle en impasse grisâtre et pluvieuse, le dénommé Seligman, un vieux célibataire découvre le corps inanimé d'une jeune femme visiblement rouée de coups qu'il ramène chez lui, devant son insistant refus de se faire hospitaliser ou de le laisser contacter les autorités. Prénommée Joe, la victime d'une probable agression, après quelques heures de repos, va narrer à son sauveteur, en huit chapitres successifs sa copieuse vie sexuelle, dont l'intensité et la fréquence la font se considérer comme une nymphomane patentée. Après la découverte, enfant, des premiers frissons dans l'humidité glissante d'une salle de bains, les émois ascensionnels et serpentins d'une corde à grimper durant les heures d'éducation physique et les intrigants détails anatomiques d'un vieux livre de sciences naturelles de son père, mademoiselle finira par se faire dépuceler à quinze ans, d'une virginité apparemment trop lourde à porter, par un autre adolescent rapidement aux manettes et pressé de retrouver celles de sa mobylette adorée. Deux ans plus tard, avec une copine a priori encore plus délurée qu'elle, Joe se lance dans la compétition avec sa partenaire, pour savoir laquelle des deux allait s'offrir au plus grand nombre de mâles, durant un trajet ferroviaire. Sa rencontre avec le dénommé Jérôme qui l'engage comme secrétaire, lui fera connaître le sentiment amoureux et après le mariage de ce dernier avec une certaine Liz, les amants vont se succéder, simplement identifiés par une lettre de l'alphabet. Mais son plus grand amour reste son papa adoré qui hélas se retrouvera interné pour de graves crises de delirium tremens...
>>> Entre puante hypocrisie et grossière roublardise, d'entrée de jeu, pour se dédouaner de toute critique acerbe et malvenue, Lars von Trier nous prévient, par un solide carton introductif, que son film tourné en deux parties, a été censuré et que cette version était réalisée avec son consentement, mais sans son implication (nuance cruciale !) En attendant bien sûr l'inévitable version director's cut, qu'on nous promet déjà. C'est donc avec un parfait cynisme de mécréant et une mauvaise foi de faraud soudard que le petit Lars nous fait part de ses malingres frustrations sexuelles, auprès de demoiselles toujours consentantes et fiévreuses aux basiques phantasmes catatoniques, vaguement turgescents d'un réalisateur en évidente déliquescence maladive. Ce n'est même pas mauvais, mais cruellement pathétique, tout juste déplorable, d'une affligeante tristesse, souvent involontairement grotesque et ridicule, et d'une incongruité besogneuse dans ses malséantes incrustations, ses répétitions abusives et ses dénombrements fastidieux. Et au final, on se retrouve en fait devant un presque sexagénaire vagissant, vaguement angoissé par une lourde absence de créativité et probablement terrifié par la femme (comme par les avions qui l'enverraient en l'air) embarrassé par un paradoxal conservatisme moralisateur dissimulé vaille que vaille derrière une prétendue ouverture d'esprit et de braguette...
© Cinéfiches.com (Jean-Claude Fischer)
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(D'après la version intégrale, 148mn) Ça pourrait être le récit d'un Don Juan au féminin. La sexualité explicite n'est ni obscène ni pornographique, elle est au service du récit et non l'inverse. C'est plaisant à suivre, un peu comme un conte philosophique du XVIIIème siècle, mais où veut donc en venir Lars Von Trier ? Cherche t-il à manifester la puissance et la supériorité du corps sur l'esprit (le sexe machinal, la mort douleur et déchéance quoi qu'on y fasse)?
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