Des touristes américains débarquent à l'aéroport d'Orly sont acheminés dans un immense hôtel en forme de building imposant qui est loin de les dépayser de leur lointaine contrée. Le brave Hulot, quant à lui, se démène comme un beau diable dans un labyrinthe de couloirs et de pièces à la recherche d'un improbable chef de service, dans les méandres du monumental bâtiment. La soirée se terminera en apothéose, à l'inauguration d'un restaurant dont les travaux, apparemment sont loin d'être achevés...
>>> L'oeuvre la plus injustement contestée du grand metteur en scène, qui fut une véritable catastrophe financière pour les producteurs...
Bibliographie
- Fiche de Monsieur Cinéma
- Saison Cinématographique 1968
- Revue du Cinéma 03/1993
- Positif numéro 387
- Télérama numéros 2244 et 2292
- Dossiers Art et Essai numéro 37
Critiques (Public)
Hulot dans une course-poursuite sur sols marbrés, open spaces, ascenseurs bondés et baies vitrées ne valorise qu’un seul ordonnancement, la répétition de l’échec.
Les personnages ne peuvent s’intercepter, la difficulté de conclure une transaction avec l’autre, qu’elle soit interne ou externe, est laborieuse.
Des décisionnaires sont enclavés dans de sombres costumes gris, éparpillés dans d’immenses salles de réunions, que Hulot hors norme visite par erreur.
A l’extérieur les rues sont pleines à craquer, un bétail touristique côtoient des autobus surchargés, les embouteillages sont monstrueux, chacun n’est prisonnier que d’une seule ligne de conduite :
"L’indifférence de l’autre dans la communion du geste similaire".
Une meute uniformisée se répand avec au loin de fantomatiques buildings, architectures figées semblables à un comportement répétitif en marche. Le béton devient pharaonique, il imprègne l’homme de sa froideur.
Les salles de restaurants à l'image des rues sont pleines et n’obéissent qu’à une procédure de gestions des flux et reflux.
Hulot essaie de survivre dans ce miroir gigantesque. Intercepté par un ancien camarade, il doit subir dans une pantomime sur écran large une éprouvante initiation au modernisme.
Dans l’appartement d’à-coté les mêmes gestes se reproduisent. La masse est soumise à un même dénominateur commun. La télévision.
Les individus ne sont plus qu’une famille dont l’essence se nomme canapé moelleux dans de grandes pièces écrasées de lumières artificielles. On mime les sports d’hiver, en costume cravate devant Hulot ne demandant qu’à fuir ce monde terrifiant.
Le contraste avec la nuit est flagrant, celle-ci devient néantique sur fond de tours flamboyantes.
"Playtime" est le virage technologique d’une société sur fond de silence intellectuel, dans l’intérieur cossu, derrière la baie vitrée de l’appartement du rez de chaussée, il n’y a aucun livre.
La caméra et la télévision ont chassés un instinct de lecture foudroyé par l'image.
Le culte est devenu "pensée de groupe", image unique brute non filtrée conditionnant l’avancée cérébrale d’un troupeau prenant comme nom "logistiques adaptées aux environnements côtoyés"
L'intérieur des buildings et des rues devient un ordonnancement d’écoulements de ressources métalliques et humaines. Une seule perception interne et externe.
JIPI