Scénario : Charles Spaak
et Jean Renoir .....
Assistant-réalisateur : Jacques Becker
Décors : Eugène Lourie
Scripte : Françoise Giroud
Distribution : Les Acacias
L'estime réciproque entre un officier français prisonnier et son "geôlier", un aristocrate allemand, le capitaine von Rauffenstein, durant la Première Guerre Mondiale...
>>> Un éternel et inestimable chef-d'oeuvre du cinéma français qui eut l'étonnant privilège d'être le seul film français classé parmi les douze meilleurs films du monde, liste établie à Bruxelles en 1958 par les plus hautes sommités du 7ème Art de l'époque.
Bibliographie
- Avant-Scène numéro 44
- Fiche de Monsieur Cinéma
- Dossier Ufoleis
- Saisons Cinématographiques 1959, 1972
- Studio numéro 73
- Positif numéros 161, 395, 408, 443
- Cahiers du Cinéma numéro 482
- Télérama numéros 973,459,1287,2154, 2249,2330
- Cinématographe numéro 104
- Cinéma numéros 31, 66, 311
- L'Ecran Français numéros 62, 86
- Image et Son numéro 57/58
- Image et Son numéros 265, 419
- Pour Vous numéros 431, 448, 449, 450, 451, 452, 453, 454, 472
- Positif numéro 615
Critiques (Public)
Il est indéniable que "La Grande Illusion" est une œuvre majeure, splendide poème tragicomique, d'un profond humanisme (qui gêna à l'époque).
En 1937, Renoir (et son scénariste-dialoguiste Charles Spaak) fait preuve d'une grande audace dans les relations humaines de ses personnages. Un camp de prisonniers où les geôliers se montrent hospitaliers, l'absence délibérée de problèmes raciaux (jusqu'à la séquence où Maréchal, par colère et par désespoir, dit qu'il n'a jamais pu blairer les Juifs à Rosenthal, avant de se reprendre), les valeurs d'une aristocratie qui se meurt et la peinture remarquable des différences de classe sociale. C'est un film réellement admirable.
La profondeur psychologique ne serait pas grand chose sans la beauté de la mise en scène. Rien que le début donne la preuve que l'écriture cinématographique n'est pas une expression abstraite. En effet, au début du film, nous voyons un disque, émanant la chanson populaire française "Frou-Frou', puis il y a un panoramique sur Jean Gabin fredonnant. Puis nous voyons des gens boire un coup, présentation des personnages principaux et la séquence se termine par un cadre sur une affiche guerrière bien de chez nous. Ellipse. Nous sommes du côté allemand, la séquence commence par une affiche guerrière allemande, on présente les prisonniers français Maréchal et Boïeldieu, escortés par le commandant Rauffenstein, puis les personnages se mettent à table et vient après une chanson victorieuse allemande. Ce début se révèle être donc un véritable chiasme cinématographique. Un chiasme est une figure de style, utilisée souvent en poésie, qui consiste à mettre des rimes dans la position suivante : a-b-b-a. Le a serait la chanson, le b l'affiche. Or dans la construction et le montage narratif, nous avons, pour récapituler, du côté français la musique (le a) puis on termine sur l'affiche (b), puis le côté allemand avec la séquence qui commence sur l'affiche (le b) pour terminer sur une chanson (le a).
Voilà preuve irréfutable que le cinéma est un art et que Renoir est un Maître !
Et il ne faut pas que j'oublie d'écrire que les comédiens sont extraordinaires.